Dans l’Égypte ancienne, la mort n’était pas une fin : c’était un voyage. Un passage vers une autre forme d’existence, où l’équivalent de l’âme (Ba, Ka, nom ou ren, coeur Ib) devait rester unie et protégée. Évidemment, personne aujourd’hui ne va se faire momifier dans un salon funéraire pendant 70 jours. Mais il est possible d’en garder l’esprit, le sens profond, et même une partie des gestes. Ce guide propose une manière moderne, respectueuse et réaliste d’organiser des funérailles dans l’esprit du netjerisme, en gardant l’essentiel : honorer la personne, l’accompagner, et maintenir le lien avec les ancêtres.
(voir aussi l'article "Deuil et netjerisme : trouver une lumière dans l’obscurité")
1. Préparer le corps : tradition égyptienne ancienne + cadre moderne
Aujourd’hui, la préparation du défunt se fait par des professionnels, les thanatopracteurs. Ils sont employés par les entreprises de pompes funèbres. Ils se chargent des soins de conservation, toilette funéraire, habillage, etc.
Préparer le corps : une continuité moderne des gestes anciens
Les anciens Égyptiens confiaient la préparation du corps à des spécialistes :les prêtres embaumeurs. Leur rôle était d’assurer au défunt une forme de continuité d’existence dans l’au-delà. Aujourd’hui, ce rôle est pris en charge par les thanatopracteurs, et leurs gestes, même s’ils ne relèvent pas de la momification, restent totalement compatibles avec une approche netjeriste contemporaine.
Leur travail consiste à :
- laver le corps avec respect,
- le préparer pour la présentation (soins de conservation modernes),
- appliquer une mise en beauté douce : maquillage léger, harmonisation du teint, coiffure, habillage,
- déposer un parfum discret, si la famille le demande (myrrhe, lotus, encens doux…).
Cette mise en beauté rejoint l’intention spirituelle égyptienne : présenter le défunt dans sa dignité, sa paix et sa meilleure apparence, comme les anciens l’auraient voulu.
Idée centrale : le corps n’a pas besoin d’être momifié, mais il doit être honoré.
2. Ce qu’on peut mettre dans le cercueil : objets symboliques et textes funéraires
Dans l’Égypte ancienne, le défunt était accompagné d’objets essentiels : textes sacrés, amulettes, offrandes, symboles de protection. Aujourd’hui, il est tout à fait possible de conserver cette intention, dans le respect de la législation française.
La loi n’interdit pas le dépôt d’objets personnels dans un cercueil, tant que quelques règles simples sont suivies :
- Respect du cadre légal et religieux : les objets ne doivent pas être interdits par la loi ni poser de problème sanitaire.
- Taille raisonnable : ils doivent rester de petite taille afin de ne pas gêner la fermeture du cercueil.
- Valeur symbolique ou affective : photos, bijoux simples, petites amulettes, extraits du Livre des Morts, lettres, ou tout objet intime qui porte du sens.
- Respect des volontés du défunt : si une convention obsèques mentionne la présence d’objets précis, les héritiers ont l’obligation morale et légale de s’y conformer, sauf si ces demandes contreviennent aux règles funéraires.
Ainsi, déposer des amulettes, un extrait imprimé de textes funéraires, ou un symbole protecteur netjeriste est parfaitement envisageable — une manière douce et respectueuse de perpétuer un geste millénaire, adapté à notre époque.
Textes : un exemplaire imprimé du Livre des Morts ou une sélection de chapitres (75, 125, 30B…), une lettre adressée au défunt.
Amulettes : On peut déposer : un oudjat (œil d’Horus), une ankh un scarabée du cœur, une petite plume symbolisant Maât, un coeur Ib.
3. Garder une trace corporelle : le principe du “souvenir vivant”
Dans l’Égypte ancienne, on conservait l’ensemble du corps, car on pensait que l’identité matérielle du défunt (sa forme physique) était indispensable à la survie de l’âme. C’était la base nécessaire pour continuer d’exister dans l’au-delà. Aujourd’hui, conserver un corps entier est évidemment impossible et inutile, mais il est possible d’adapter ce principe de façon intelligente et symboliquement cohérente. Nous savons désormais que l’ADN contient le « plan » ou l’architecture biologique d’une personne, sa signature unique. Ainsi, garder une petite trace corporelle, comme une mèche de cheveux, un fragment d’ongle ou un poil de barbe, avec l’accord de la famille, peut servir de mémoire corporelle.
La personne peut même préparer cela de son vivant, pour laisser ce souvenir symbolique de manière consciente et volontaire. Cette trace devient un substitut moderne au corps entier, un support symbolique pour honorer la personne et un élément qui permet d’ancrer le culte des ancêtres dans une continuité matérielle, à la manière des anciens. C’est une adaptation respectueuse, fidèle à l’esprit de la tradition, mais parfaitement compatible avec notre époque et nos pratiques funéraires actuelles.
4. La cérémonie : simple, belle, centrée sur la transition
La cérémonie netjeriste moderne peut parfaitement se dérouler dans le salon d'un funérarium/crématorium ou un cimetière. Si la famille est d’accord, elle peut inclure une lecture courte de 10 à 15 lignes, choisissant un passage du Livre des Morts, un Hymne à Osiris ou une prière moderne inspirée des anciens textes. Une offrande symbolique peut également être réalisée, comme une fleur de lotus ou une fleur bleue artificielle, une petite coupe d’eau, un peu d’encens lorsque cela est autorisé, ou une lumière, par exemple une bougie LED dans les lieux où les flammes sont interdites. Enfin, un geste d’adieu peut être effectué par chacun, en versant une goutte d’eau dans un bol posé près du cercueil, en disant : « Puisses tu cheminer paisiblement dans la Douat et être accueilli par Osiris dans l’Amenti. »
5. Les 70 jours de deuil au lieu de 70 jours d'embaumement
Autrefois, les 70 jours correspondaient au temps d’embaumement en référence au mythe d’Osiris. Aujourd'hui, on peut faire de ces 70 jours un temps symbolique de deuil et d’hommage au défunt. Pendant ces 70 jours, on peut : allumer une bougie le soir, réciter une courte prière, penser au défunt, évoquer son souvenir avec des proches lors d’un repas. C’est un temps pour accepter, transformer, laisser revenir la vie.
6. Après les 70 jours : Autel des Ancêtres chez soi
Là, on revient plein cœur du netjerisme moderne. Créer un autel des Ancêtres, c’est offrir un espace stable où la mémoire continue à vivre.Tu peux y placer : une photo, la trace corporelle conservée, une bougie, un bol d’eau, une fleur (fraîche ou artificielle), une petite stèle avec leur nom, un symbole (ankh, oudjat, divinité funéraire, petit mastaba…), etc.


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